Le film The Last Starfighter !

 

Année : 1985
Réalisateur
: Nick Castle

Il y a des gens qui n’ont aucun contrôle sur leur destin. Prenez Alex Rogan, 18 ans, par exemple. Il vit aux États-Unis dans un petit village composé de caravanes ou de camping-cars, du nom de Starlight Starbrite. Il habite dans une des nombreuses caravanes avec sa mère et son petit frère Louis.

Sa vie est aussi réglée et monotone qu’un métronome : tout le monde connaît tout le monde, chacun sait ce que l’autre va faire ou dire au cours de la journée, tout comme celle d’avant ou de l’avant-veille… Et lui qui espérait obtenir une bourse pour financer ses études et “faire quelque chose de sa vie”, le voilà qui se retrouve avec une lettre de refus. Il lui est même impossible de profiter de sa petite amie, puisqu’il est “assigné” aux tâches quotidiennes de réparation du village : l’électricité, la plomberie… dès que l’un des habitants a un souci, c’est Alex qui se charge de le dépanner.

 

Les rares moments où il peut être un peu tranquille, il les passe à jouer à un jeu d’arcade installé sous la véranda du magasin du camping : le Starfighter. Les parties du jeu commencent par la phrase : “Salut, Starfighter. Vous avez été recruté par la Ligue Stellaire pour défendre la Frontière contre Xur et l’armada Ko-Dan”. Alex est un virtuose de ce shoot’em up (qui ressemblerait à un StarRaiders amélioré pour ceux qui connaissent), et un soir il réussit à détruire toutes les vagues ennemies et à battre le record du jeu, sous les vivats de tous les membres du camping, qui comprennent bien qu’il a réussi quelque chose d’exceptionnel même s’ils ne sont pas férus de jeux vidéo.

Un peu plus tard dans la soirée, une voiture aux lignes futuristes s’arrête près du magasin, et son conducteur se présente comme étant Centauri, le concepteur du jeu. Il demande à Alex qui a établi le record de Starfighter ; Alex se présente et, rassuré par la connaissance du personnage concernant les différentes vagues du jeu, monte à l’arrière du véhicule pour discuter. Il n’a que le temps de serrer la main du mystérieux passager, appelé Bêta, avant que celui-ci ne sorte de la voiture, et que Centauri ne démarre. Alex se rend vite compte que l’engin n’est pas une voiture ordinaire, en quelques instants elle atteint une vitesse vertigineuse, puis décolle et laisse la Terre loin derrière.

Et voilà Alex “parachuté” sur la base principale de la Ligue Stellaire, comme d’autres joueurs extraterrestres. Le jeu Starfighter était en fait un test pour dénicher les meilleurs pilotes dans toute la galaxie, ceux qui possèdent “le don”, afin de les faire venir sur Rylos pour combattre Xur et l’armada Ko-Dan. Et pendant qu’Alex se trouve là, Bêta – qui est en fait un androïde – est programmé pour prendre l’apparence du vrai Alex et imiter son comportement sur Terre, afin de ne pas éveiller les soupçons.

Alex va-t’il vraiment faire partie des Guerriers des Étoiles, piloter une Arme Stellaire, et réussir sa mission ?

 

PARLONS UN PEU DE L’IMAGE….
Avant de traiter de The Last Starfighter (ou plus simplement de Starfighter), je dois faire une parenthèse sur un autre film culte des années 80, Tron. Ce fut le premier film intégrant des images de synthèse faites par ordinateur (voyez les deux captures ci-dessous).

Son look unique a permis de montrer que 1/ c’était faisable (même si concrètement, les images de synthèse ne représentent qu’une partie des effets spéciaux de Tron) et que 2/ c’était visuellement bluffant. Fin de la parenthèse, revenons à nos pixels.

Starfighter proposa donc de faire mieux que Tron, et tout d’abord d’offrir un rendu photoréaliste. Il comprend 27 minutes d’images de synthèse réalisées sur Cray X-MP (l’ordinateur le plus puissant de l’époque, un gros pavé de 2 mètres sur 1 mètre 50). Sur Wikipedia on nous annonce 300 scènes contenant chacune 250 000 polygones, sur une résolution de 3000 × 5000 pixels en couleur 36-bits.

Comment ont-ils procédé ? Il a fallu en premier créer les éléments du film et les encoder pour pouvoir les manipuler en vectoriel 3D ; ensuite, créer les scènes-clés avec tous les objets / lumières / caméra au bon endroit, pour que les mouvements intermédiaires soient calculés par l’ordinateur ; et enfin calculer chaque image, sachant que le Cray mettait 1/2 heure pour la réaliser. Faites le calcul : comme on se base sur 24 images par secondes pour donner l’illusion du mouvement, 12 heures de calcul étaient nécessaires pour une seule seconde d’animation.

Ron Cobb, responsable du design visuel des éléments du film, indiquait qu’ils auraient pu faire bien mieux si on leur avait laissé plus de temps : gérer les ombres portées, animer les silhouettes qu’on aperçoit dans le vaisseau… Mais le résultat est déjà sans appel : c’est très beau, et générer les images par ordinateur a nécessité la moitié du temps et du prix qu’auraient demandé les techniques “traditionnelles”.

Voici un lien vers les plans de l’Arme Stellaire d’Alex (Gunstar en VO).

Le Tilt n°16 d’octobre 1984 (descendre page 108) proposait un dossier de 6 pages sur Starfighter, avec quelques images du film (dont la couverture ci-dessous), en commençant par “Tron est mort”. Un peu excessif à mon sens, même si on franchit effectivement un cap technique… Cet article racontait quelques anecdotes et prophétisait ce que donneraient les futures réalisations en images de synthèse, notamment pour le visage humain avec les couches os / muscles / peau. Aujourd’hui, en 2016, tout s’est réalisé comme annoncé, et on a encore du chemin à faire (Flynn rajeuni dans Tron : l’Héritage était impressionnant, mais il manquait encore un petit quelque chose pour être réellement “humain”).

Quand on voit qu’aujourd’hui, la résolution traditionnelle des écrans est 1920 x 1080 pixels et qu’on s’achemine lentement vers le double avec la 4K, on peut doucement sourire… Mais je vous rappelle que les résolutions des consoles et ordinateurs sortis en 1984 étaient pour la plupart de 256 x 192 pixels en 4-bits (16 couleurs, c’était Byzance). Alors de telles images, sans compter l’animation proprement dite, c’était ahurissant.

 

PARLONS UN PEU DU RESTE…

L’histoire elle-même est un peu bateau. Disons qu’elle n’a rien de révolutionnaire, mais qu’elle est agréable à suivre. Dans Starfighter, il y a de l’action, un peu d’humour, un peu de romance, et la morale est sauve, bref tout le monde y trouve son compte. Beaucoup feront des parallèles avec Star Wars, ce qui n’est pas forcément une erreur. 

 

Les personnages sont attachants, avec un petit plus à mon sens pour Bêta (quelques scènes avec lui sont assez marrantes) mais surtout pour Grig, exemplaire dans son rôle de mentor du pauvre Terrien complètement paumé.

Pendant qu’on parle des personnages, jetons un œil sur les acteurs principaux. Alex est interprété par Lance Guest (Les Dents de la Mer 4), Maggie par Catherine Maggie Stewart (La Nuit de la Comète). Plus intéressant, sous son maquillage de Grig, on trouve Dan O’Herlihy que tout le monde connaît certainement (mais si : c’est le Vieux dans les deux premiers Robocop, et le méchant dans ce fantastique nanar qu’est Halloween 3). Quant à Centauri, il est joué par Robert Preston (devenu une star grâce au personnage de Harold Hill dans The Music Man en 1962, d’ailleurs son rôle de Centuri en est un clin d’œil ).

 

Et si on considère que la voiture de Centauri est un personnage, apprenez qu’elle fait une toute petite apparition dans Retour vers le Futur 2 .

Un mot sur la musique de Craig Safan, qui voulait quelque chose de plus impressionnant que celle de Star Wars. Il a donc utilisé plus d’instruments que dans une configuration d’orchestre classique, pour donner plus d’ampleur à sa musique. Je vous avoue que je n’ai pas remarqué la performance… Reste que la musique est agréable à écouter.

Starfighter fut décliné en plusieurs produits : le roman par Alan Dean Foster (que j’ai à la maison), des jouets, des figurines… Vous en verrez plus ici.

 

POUR CONCLURE…

J’ai lu le dossier de Tilt quand j’étais gamin. J’ai aussitôt décidé que je devais aller voir le film. Quand il est sorti, ni une ni deux, j’ai filé au cinéma et j’ai passé un excellent moment. Et j’ai acheté le roman dans la foulée, pour avoir une trace de cette histoire que j’avais adorée (j’avais 14 ans et j’étais peut-être un peu trop enthousiaste). Mais révolutionnaires étaient les images, là pas de discussion possible, et évidemment ceci a beaucoup joué dans mon attachement à ce film. Pour autant que je me souvienne, il n’est pas passé souvent à la télé (je me demande même s’il a été diffusé sur une chaîne publique quelconque) ; quand je pose la question à des collègues de travail, de tous âges et toutes provenances, presque personne ne connaît ce film. Pour ma part, il a fallu attendre des années pour que je puisse enfin le revoir, grâce à un DVD en promo en vrac, dans un bac du Leclerc en 2012.

Depuis quelques années, il est question d’une adaptation en série. À l’heure actuelle (2016), il semblerait que ce soit un reboot. Je me pose des questions sur l’intérêt plus que discutable de la chose… Rappelez-vous l’excellent Starman, de John Carpenter avec Jeff Bridges et Karen Allen, qui a eu droit à sa série par la suite : elle ne valait pas le film…

 

En attendant, si vous voulez vous replonger dans le film, sachez qu’il est trouvable sur le net chez Youtube (je vous laisse chercher par vous-mêmes, vous n’aurez pas de mal, croyez-moi). Vous trouverez aussi des infos sur Wikipedia : préférez la version anglaise car la française n’est pas très étoffée. Et si vous voulez tenter votre chance, et voir si vous auriez pu rencontrer Centauri grâce à vos performances, vous pouvez toujours installer le jeu sur votre PC !

 

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