Concernant la durée de vie des machines, il faut savoir effectivement que le marché de l'informatique a commencé à vraiment décoller vers 1985, soit à peu près au moment de la sortie des premiers 16 bits. Bref, n'importe quel huit bits était d'ores et déjà dépassé techniquement parlant. Avant cette date, le possesseur d'un ordinateur était considéré comme un gros privilégié du moins, en France (peu importe la machine, même un Thomson ou un Spectrum !). Après, comme Amstrad s'est décidé de proposer sa gamme d'ordis en dehors de l'Angleterre en proposant des solutions complètes, prêtes à l'emploi et peu chères, forcément, les CPC ont bien fonctionné. Les ordinateurs seize bits (Atari ST, Amiga, Macintosh et PC) étaient bien trop onéreux encore pour véritablement percer à ce moment là, ce qui a permis aux ordinateurs huit bits et en particulier aux Amstrad CPC de très bien se vendre (du moins en France et en Espagne). Si bien que deux ou trois années plus tard, ils étaient fort répandus. Même si de plus en plus de possesseurs d'Amstrad CPC et autres huit bits passaient en seize bits (ST/Amiga), le parc huit bits restait majoritaire, ce qui a encouragé les studios de développement à continuer de développer sur les ordinateurs huit bits encore trois bonnes années, avec un fort ralentissement à partir de 1991. Reste que pour ceux qui pouvaient se payer un ST ou un Amiga avec moniteur et qui connaissaient une personne avec une de ces machines dès 1988, il n'y avait déjà plus grand intérêt à rester sur Amstrad CPC.
On peut considérer que les Amstrad CPC étaient définitivement morts en 1992, ce qui fait huit ans de vie (les sorties sur CPC devenaient si rares que ça tenait plus de l'anecdote qu'autre chose). A cette date, il n'y avait vraiment plus intérêt à rester sur Amstrad, quand on voyait ce que l'on obtenait sur d'autres machines plus puissantes. Par contre Tommy, tu oublies les Amstrad CPC 464 et 6128 + sortis en 1990. Par rapport aux CPC classiques, ils ont quand même apporté pas mal d'améliorations techniques (il suffit de chercher une vidéo du remake de Rick Dangerous pour CPC 6128+ pour s'en rendre compte !). Le seul souci, est qu'il n'a pas été exploité convenablement. Assez logique finalement, quand on sait que ces machines étaient malgré tout dépassées dès leur sortie.
Fin du HS
Maintenant concernant le ST, et comme chez Commodore, on peut dire qu'ils ont fait un paquet d'erreur marketing depuis le début. Si les Atari ST ont fonctionné, c'est qu'ils avaient la bonne machine au meilleur prix, c'est tout. Et encore Atari a été très con dès le départ. Proposer un Atari ST comme on l'a connu en 1985 était une erreur, il faut savoir que la technologie du STE était déjà fin prête. Eh oui, un STF, c'est la même chose qu'un STE, à la différence de quelques slots vides (prévus dès le départ pour intégrer les améliorations du STE qui existaient déjà !). Il ont simplement voulu tirer un peu sur les coûts en allégeant un peu la configuration, mais c'était une mauvaise idée ! En sortant le STE tout de suite, ils avaient une machine plus proche de l'Amiga sur le plan des performances, sans qu'elle ne soit beaucoup plus chère. Et au lieu de sortir un STE dont l'évolution était trop timide par rapport au STF (surtout après QUATRE ans !), et qui de toutes manières était inexploité, ils auraient du embrayer sur une machine entièrement nouvelle. L'Atari STE ça aurait du être ça : processeur 68020 à 16 MHz avec un peu de mémoire cache, un bon blitter, 1Mo de RAM, nouveaux modes graphiques avec notamment un 320x200 en 256 couleurs à choisir parmi 4096 voire 32768 couleurs, nouveau chip sonore, avec huit voies en PCM (celui du STF était déjà trop juste en 1985 !), nouveau GEM avec un bureau en 256 couleurs, et le tout avec de vraies possibilités d'évolution, comme avec un PC. Bref, un truc assez proche d'un Amiga 1200 finalement, mais sorti au bon moment (et pas trois ans trop tard !), au juste prix, et qui se démarquait réellement de ce que l'on avait déjà avec un ST de base. Un tel ordi aurait été capable de rivaliser à la fois avec les consoles de jeux seize bits, ET les PC puissants à base de 386, avec affichage VGA et carte sonore Sound Blaster. Bien-sûr, il n'aurait pas été proposé à 3 000 francs, normal puisqu'on serait parti sur une machine entièrement nouvelle ! Je verrais plutôt 10 000 francs au lancement avec moniteur, ce qui n'aurait pas été anormal, d'ailleurs c'était le prix du premier Atari ST à sa sortie. Vous trouvez ça cher ? Allez voir le prix d'un 386 de même puissance avec écran VGA en 1989... Vous verrez, ça n'a rien à voir !
Cela n'enlève rien au fait que l'Atari ST était une excellente machine (comme l'Amiga d'ailleurs), c'est juste que l'on aurait pu avoir mieux. Ceci dit, dire que l'Amiga était une horreur à programmer, c'est une erreur. Bien-sûr, avec ses co-processeurs dédiés à l'image et au son que n'avait pas son concurrent, il était forcément plus complexe à maîtriser parfaitement, mais ça restait assez accessible. C'est juste que les programmeurs ne voulaient pas trop se fouler, surtout !
Comme toujours dans le cas des jeux multi plates-formes, la machine la moins puissante et la moins complexe, sert TOUJOURS de base pour la programmation des jeux. C'est logique, car une fois que la base est faite sur la machine la moins puissante et la plus simple, il est ensuite très facile de l'adapter sur le concurrent qui adopte des solutions techniques à la fois proches (le processeur 68000 et la taille mémoire sont communs aux deux machines par exemples), et plus élaborées (les co-processeurs spécialisés de l'Amiga). Tout simplement parce que cela revient nettement moins cher et donc c'est bien plus rentable que de refaire une autre version plus élaborée. Cela a toujours été ainsi, et d'ailleurs, l'Amstrad CPC a connu le même problème, puisque beaucoup de studios anglais faisaient des adaptations pures et simples de jeux développés à la base sur Spectrum en quatre ou huit couleurs au mieux (alors que l'Amstrad CPC est nettement plus performant tout de même !). Dans le cas des adaptations pour Amiga c'était un peu différent, puisqu'on prenait le jeu initialement développé sur ST, et on ajoutait tout de même quelques petits trucs à l'arrache. Ce qui donnait le plus souvent des jeux mieux sonorisés sur Amiga, parfois un peu plus colorés ou avec une fenêtre de jeu un peu plus importante. Bref, on avait souvent un mieux sur Amiga, mais c'était sans plus. Il faut reconnaître qu'arrivé en 1990, l'Amiga bénéficiait de plus en plus de jeux développés pour lui et qui étaient irréalisables tels quels sur Atari ST.
Il est vrai que l'Amiga a d'abord été pensé pour être un bon compagnon de jeu, et cela transparaît dans son hardware (les co-processeurs dédiés au son et à l'image ne sont pas là pour rien !). Alors que le ST était initialement conçu pour être une machine sérieuse, conçue pour concurrencer un certain Macinstosh (d'où un hardware moins poussé pour le côté graphique et sonore).