Une jolie photo parue ce matin à la "Une" de Sud-Ouest, le journal où je bosse et l'article en suivant, écrit par mon collègue à la culture (désolée pour le format, j'ai copié-collé depuis une page pdf) :
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Les Rita mis KO
Par Stéphane Jonathan</font><font face="StoneSans-Semibold">
Stéphane C. Jonathan
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U</font><font face="SwiftEF-Light">
ne silhouette fine et
élancée, un visage en
lame de couteau, le regard
charbonneux et
le cheveu éternellement en bataille
: la dégaine de Fred Chichin
fait depuis un quart de siècle partie
des images fortes du rock français.
Indissociable de Catherine
Ringer, son alter ego et sa compagne
depuis la fin des années 70, le
guitariste des Rita Mitsouko est
décédé hier matin à l’âge de
53 ans, « des suites d’un cancer
fulgurant qui l’a emporté en
deux mois », précise sa maison de
disques.
Entamée en octobre, la nouvelle
tournée des Rita Mitsouko devait
passer hier soir par l’Olympia
de Paris et s’arrêter mercredi prochain
à Bordeaux. De nombreuses
dates avaient été annulées à la
dernière minute, en raison de la
santé du musicien. Ces dernières
semaines, le groupe s’était toutefois
produit avec un guitariste de
remplacement, selon le voeu exprimé
par Fred Chichin lui-même.
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<font face="StoneSans-Bold">Sensation. </font><font face="SwiftEF-Light">
Né à Clichy d’un père
cinéphile (et fondateur de la revue
« Miroir du cinéma »), Frédéric
Chichin s’est très tôt passionné
pour le rock anglo-saxon des
années 60 et vénérait le guitariste
américain Jimi Hendrix. Sa rencontre
avec Catherine Ringer en
1979 sera déterminante. Leur duo
se produit dans les squatts et
lieux alternatifs de Belleville, reprenant
des classiques de David
Bowie — une influence marquante
et durable — et du Velvet Underground
de Lou Reed. Le groupe
se baptise « Rita Mitsouko », en
référence à Rita Hayworth et à
« Mitsuko » (« mystère » en japonais),
un parfum signé Guerlain.</font><font face="StoneSans">
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Arborant des looks impossibles
(anoraks fluo, robes et costumes
taillés dans des sacs de supermarchés...)
et multipliant les provocations,
le duo tranche avec la
new wave proprette de l’époque
et fait sensation. En 1984, il donne
son premier concert à Bordeaux
au bar Le Performance, devant
un public d’étudiants plutôt
perplexes.
Peu après paraît le premier album
du groupe, porté par le
45 tours « Marcia Baila », hommage
à la chorégraphe argentine
Marcia Moretto. Le succès est fulgurant,
entériné deux ans plus
tard par l’album de la consécration.
Rebaptisé « Les Rita Mitsouko
» (beaucoup croyaient que le
nom du groupe était le nom de sa
chanteuse), « The No Comprendo
» cartonne en France et audelà
avec « Andy », « C’est comme
ça », « Les Histoires d’A »... Même
Jean-Luc Godard s’intéresse au
phénomène et lui consacre un
film, « Soigne ta droite », récompensé
par le prix Louis-Delluc.
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<font face="StoneSans-Bold">Explorateurs. </font><font face="SwiftEF-Light">
Un sommet artistique
et commercial que le groupe
n’atteindra plus qu’épisodiquement,
les Rita préférant
explorer de nouvelles musiques
(électro, world, hip-hop ou même
symphonique, comme en témoignent
leurs brillants concerts
avec l’Orchestre Lamoureux).
Paru au printemps dernier,
leur onzième album — « Variéty
», aussi paru dans une version
100 % anglophone pour le marché
international — résonnait
comme une tentative de retour
au premier plan, reprenant les recettes
du « No Comprendo ».
C’était surtout le come-back de
Fred Chichin, longtemps absent
des studios et des scènes pour raison
de santé. En mai dernier, il
l’expliquait à « Sud Ouest Dimanche
» : « J’ai soigné une hépatite C
pendant deux ans, pendant lesquels
je n’ai forcément eu qu’une
activité réduite. C’est une maladie
très dure, qui vous pompe
90 % de votre énergie. Le traitement
trithérapie est terriblement
lourd et a été suivi d’une
bonne année de convalescence. »
Recélant plusieurs perles
(« Rendez-vous avec moi-même »,
le single à succès « Ding, ding
dong » ou le magnifique « Soir de
peine », tristement prémonitoire),
« Variéty » formulait de belles
promesses : celles d’un nouveau
souffle qui ne viendra pas, de
concerts généreux que nous ne
verrons pas. Groupe majeur et inclassable,
les Rita Mitsouko —
dont l’influence s’avère diffuse
mais réellement prégnante —
méritait bien ce joli rebond.
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