Voici un biscuit disparu qui a été sujet à de nombreuses polémiques… Bamboula est un biscuit entièrement au cacao créé en 1987 par St Michel.
A cette époque, la marque est spécialisée dans les biscuits destinés à toute la famille : Galettes, sablés, palets Bretons, madeleines, crêpes et tartelettes.
Au printemps 1987, la marque décide de concevoir son propre biscuit exclusivement destiné aux enfants ! Et pour plaire aux p’tits gourmands, il faut impérativement du chocolat ! St Michel crée donc un biscuit tout plein de cacao, qui, en raison de sa couleur, portera le nom de Bamboula !
« Bamboula » est un terme qui définit une variété de tambours africains, ou encore une danse effectuée sur ce même instrument. Mais comme on le sait tous, il s’agit également d’un terme péjoratif qui sert à désigner les personnes d’origine africaine… Et c’est là que le bas va blesser… Mais nous y reviendrons tout à l’heure !
Afin de donner vie à son nouveau biscuit revêtu d’une fière tête de lion, St Michel lance un concours auprès de dessinateurs leur demandant d’imaginer la mascotte du produit.
C’est l’illustrateur Mallock qui gagnera le concours en proposant l’adorable petit garçon que nous connaissons tous aujourd’hui ! Bamboula apparait alors avec une petite robe en peau de léopard jaune, avec béret assorti, d’un anneau doré à son oreille droite, et d’une petite bouille à la fois adorable et rigolote !
Le succès de Bamboula est immédiat ! De nombreux parents conquis depuis des décennies par la qualité des biscuits St Michel, n’hésitent pas à goinfrer leur progéniture de ces délicieuses galettes au chocolat ! Les enfants sont enchantés du gout de ces nouvelles douceurs ainsi que par la sympathie que dégage la mascotte ! C’est le triomphe totale pour la biscuiterie Nantaise ! 😀
Ainsi toute une batterie de communication se met rapidement en place ! Tout d’abord des livrets de bande-dessinées contant les aventures de Bamboula sont offerts dans chaque lot de 2 paquets de biscuits… On y fait connaissance avec toute une panoplie de personnages hauts en couleurs, proches de notre héros !
Un 45 Tours de Bamboula interprété par « Bamboula et Compagnie » apparait dans la foulée !
Ce 45 Tours nous apprend plein de choses sur le nouveau Superman du cacao ! Notamment qu’il vit à « Bambouland », contrée chaude et imaginaire située en Afrique, qu’il dispose de dons et de pouvoirs magiques, qu’il est bien plus adroit que « Robin des Bois », mais aussi qu’il aime la vie, les animaux et surtout le cacao !
La musique de ce disque est vraiment improbable ! C’est simple, elle me donne l’envie frénétique de faire la bamboula toute la nuit !! ^^
Au début de l’année 1989, un service minitel « 36 15 Bamboula » voit le jour et permet aux enfants de gagner des tas de cadeaux à l’effigie de leur héros !
Des poupées, tirelires, bandes dessinées, figurines, mais aussi une collection de 6 pin’s et une série de magnets dont certains en relief ! Un magazine Bamboula voit le jour également… Celui-ci est rempli de bandes dessinées inédites, de jeux concours et de reportages ! Bamboula est absolument partout pour le plus grand plaisir des enfants que nous étions !
En avril 1994, fort de son succès, Bamboula investit le parc zoologique de Port-Saint-Père, situé près de Nantes.
Ce parc existant depuis 1992 sous le nom « Safari Parc » devient « Le Village de Bamboula ». Il est bien évidemment sponsorisé par la biscuiterie St Michel qui y construit une immense statue accueillant les visiteurs. A l’intérieur du parc, on peut découvrir la reconstitution d’un village africain, plus précisément inspiré par la Côte d’Ivoire.
Une vingtaine de figurants d’origine africaine (adultes et enfants) y côtoie les animaux de la savane… Tous sont en tenue traditionnelle, les femmes déambulant torses nues au milieu des cases …
Dès sa mise en route, ce « Zoo Humain » fait grand bruit ! Beaucoup y voit un voyeurisme malsain, où les humains sont élevés au même rang que les animaux… Ce qui est tout à fait compréhensible…
Début mai 1994, des plaintes pour atteinte à la dignité humaine sont déposées par différents organismes, ce qui sonnera le glas du « Village Bamboula » au cours de l’année mais également celui des biscuits du même nom.
En effet, St Michel préfère stopper la production de ses biscuits « phare » plutôt que de procéder à un changement de nom et à la suppression de sa mascotte. C’est donc avec beaucoup de regrets que nos biscuits cacaotés disparaissent subitement des rayons de nos supermarchés.
Bien évidemment, nous étions nombreux à l’époque à ne pas comprendre pourquoi nos adorés biscuits avaient si précipitamment disparus… Nous n’avions pas forcément conscience du coté péjoratif du terme « Bamboula », et puis d’ailleurs pour nous, Bamboula n’était pas un enfant noir, mais un enfant comme vous et moi, point.
Apparemment, les desserts « Créola » de Chambourcy ont vécu la même polémique ayant, eux aussi, disparu du marché à l’aube des années 90… Sans vouloir trop m’avancer, je ne serais pas étonnée que les délicieux biscuits sablés « Papou » de Brun aient également été victimes de leur nom, bien que le terme « Papou » n’est point injurieux… On pourrait aussi parler des fameuses confiseries « Têtes de Nègres » ou encore du cultissime slogan « Y’a bon » de Banania désormais prohibé…
Bref ! Après 15 années d’absence remarquée, la biscuiterie St Michel redonne vie à ses défunts biscuits « Bamboula » sous le nom de « Sablés de Retz au chocolat ». Ceci-dit, n’ayant jamais eu le plaisir de gouter ces biscuits, je ne saurais vous dire s’ils sont fidèles ou pas à nos regrettés Bamboula.
Le parc de Port-Saint-Père existe encore aujourd’hui sous le nom de « Planète Sauvage », il a conservé le cadre de la savane africaine, les figurants en moins.
Concernant notre mascotte Bamboula, malgré la polémique qui a entouré ce sympathique personnage, il restera à jamais une mascotte incontournable de notre enfance ! Il nous reste aujourd’hui le plaisir de redécouvrir ses nombreux produits dérivés en vide-greniers !
Je termine en adressant un grand merci à la biscuiterie St Michel de nous avoir offert ces délicieux biscuits mais aussi un grand merci au dessinateur Mallock qui aura enchanté notre enfance grâce à notre ami Bamboula, personnage culte de notre jeunesse ! 😀
“Nous n’avions pas forcément conscience du coté péjoratif du terme « Bamboula », et puis d’ailleurs pour nous, Bamboula n’était pas un enfant noir, mais un enfant comme vous et moi, point.”
Ah bon? Moi j’ai la peau dite noire et mes camarades ont commencé à m’appeler Bamboula à la sortie de ces biscuits…
Vous regrettez ces biscuit, pas moi!
Papou vous manque ? Le négro avec ses grosses lèvres et son os sur la tête, qu’est ce qu’il était mignon…
La victimisation Marc ne seras jamais une bonne chose, à l’école j’ai aussi eu des camarades pas drole mais je n’ai jamais chercher un coupable dans un paquet de gateau.
Je ne crois pas qu’il s’agisse de victimisation. Avoir des camarades pas drôles est une chose, mais il est clair que l’existence de marques stigmatisantes n’a certainement pas aidé certaines et certains à l’école. Si je salue la mémoire des années qui m’ont vu grandir, je ne peux pas avoir la nostalgie de certaines marques… Il me semble juste d’en conserver la mémoire, mais cela n’empêche pas de constater leur caractère quelque peu rétrograde…