Cela faisait un bon moment que je voulais aborder les casse-briques, ces jeux vidéo typiquement rétros, mais tellement indémodables … Apparemment, les récentes nuits passées à essayer (en vain) de torcher ce foutu 8ème niveau d’ Arkanoid m’ont semble-t-il décidé.
Les pointilleux parleront de sous-genre video-ludique, puisque le casse-briques est avant tout un jeu d’arcade. Mais il faut croire que c’est devenu un type de jeu à part entière, car immédiatement identifiable grâce à sa raquette, sa baballe et son mur à démolir.
Le casse-briques, c’est quoi donc ?
Si vous êtes doté d’un nombre de neurones positif, vous aurez certainement compris le principe du jeu rien qu’avec son nom. Et oui, dans un casse-briques… on casse des briques ! C’est très simple : vous êtes le gentil doté d’une raquette, matérialisée par une barre que vous faites défiler de gauche à droite en bas de l’écran. Face à vous se dresse un redoutable mur, qu’il va falloir démolir, brique après brique. Pour démolir ce mur, il faut rattraper une balle avec la raquette. Cette balle ira ricocher contre le mur, et détruira les briques les unes après les autres.
Si toutes les briques sont détruites, alors bravo champion, vous passez au niveau supérieur ; mais si vous laissez filer la balle, vous paumez une vie, et même la partie si vous n’avez plus de vie.
Simple, non ? Simple, mais pas simpliste, et terriblement addictif si vous accrochez au jeu. Il existe bien entendu des variantes, avec des bonus, des armes, différents tableaux, etc… c’est la toute l’évolution et le renouvellement des casse-briques, que nous allons voir en détail…
Comment est né le premier casse-briques ?
Nous sommes en 1975, Nolan Bushnell dirige une société florissante dont le nom vous parle peut-être… Atari. On lui doit le jeu vidéo le plus célèbre de la première moitié des 70’s, j’ai nommé Pong. Atari est la firme video-ludique la plus en vue du moment, loin devant les japonais, et bien sûr devant les européens. Atari s’apprête d’ici quelques temps à envahir le monde avec sa célèbre VCS 2600, mais avant cela, Bushnell veut affirmer sa suprématie dans les salles d’arcades.
Il s’inspire donc du célèbre Pong, et de sa variante “Je joue tout seul contre le mur”, et imagine un jeu où ce mur se désagrègerait progressivement. Idée originale qui peut aussi faire penser aux prémices de Space Invaders. Il confie le projet à un jeune ingénieur sans trop d’expérience… un certain Steve Jobs. Qui se fera aider pour la partie technique d’un autre jeune ingénieur… Steve Wozniak.
Je ne sais pas si vous vous rendez compte de la dream team qui a officié chez Atari pendant ces quelques semaines : rien de moins que 3 des plus grands génies de l’histoire de l’informatique ont planché sur un concept de balle rebondissant sur un mur. Et si Jobs et Wozniak avaient décidé de rester chez Atari, c’est probablement cette firme qui dominerait à l’heure actuelle le monde de l’informatique et du jeu vidéo. Ça tient à peu de choses…
Revenons à notre jeu balbutiant. En quelques jours, les deux Steve réussissent le challenge lancé par Bushnell, et proposent “Breakout”, le premier casse-briques de l’histoire. Le jeu sort en 1976, qui est décidément une bien belle année, puisque votre serviteur y a aussi pointé le bout de sa tignasse. Breakout est une sacrée réussite, encore plus passionnant que Pong. Sa borne d’arcade est monochrome, mais possède néanmoins sur son écran des bandes colorées translucides à hauteur des briques. Le succès est immédiat, et très vite des milliers de bornes s’installent dans les cafés et les salles de jeux.
Atari profite de ce succès, et sans se reposer sur ses lauriers, passe à une étape encore plus importante : le lancement de la VCS 2600 (si le cœur vous en dit, vous pouvez retrouver cette histoire ici). Jobs et Woz partent fonder Apple avec la réussite que l’on connaît, et Breakout devient un des dignes successeurs de Pong dans le rôle des jeux pionniers de l’ère vidéoludique. Il fut adapté sur Atari 2600 et connaîtra deux suite : Super Breakout en 1978 et Breakout 2000 en 1997 sur la console Jaguar.
Comme tout jeu précurseur, Breakout inspirera plusieurs programmeurs, faisant très rapidement du casse briques un classique du jeu vidéo.
Pendant plusieurs années sortiront ainsi des jeux reprenant le principe, avec plus ou moins de réussite, plus ou moins d’originalité. Citons par exemple Circus ou Gee Bee sur Atari 2600, Super Casse-Brique sur la 1ère console de poche MB Microvision. Même Nintendo succombe et propose un casse-briques sur ses fameux Game and Watch, avec Spitball Sparky, un G&W en couleur, très réussi.
Mais c’est en 1986 que le genre connaîtra un second souffle, et une popularité universelle, grâce à un jeu qui fera l’unanimité.
1986 : Arkanoid, LE casse-briques par excellence
Arkanoid est un jeu qui voit le jour au milieu des années 80, et qui d’emblée change la vie de milliers de joueurs (vous me connaissez, je n’exagère jamais). Jeu mythique de nos salles d’arcade des mid-80s, il est à ranger aux côtés des autres légendes comme Out Run, Operation Wolf ou Double Dragon.
Conçu par Taito, Arkanoid est un clone de Breakout totalement assumé, un pur casse-briques qui ne renie absolument pas l’influence de son illustre prédécesseur. Mais il apporte un grand nombre d’innovations qui rendent le jeu incontournable, comme les capsules libérées par les briques lorsqu’elles sont heurtées, et qui délivrent des bonus comme un ralentissement de la balle, une mitrailleuse, une raquette allongée et d’autres petits gadgets sympathiques qui vous aideront à passer les niveaux difficiles (c’est à dire presque tous ;-)) .
Le top est de réussir à choper une capsule qui donne une vie supplémentaire, ou une qui vous permet de passer directement au niveau suivant sans vous faire suer à démolir toutes les briques. Il faut pour cela bien faire gaffe aux monstres ennemis qui bougent un peu partout, et qui font dangereusement dévier la balle de sa trajectoire.
Grand succès en arcade, le jeu est très prenant, suffisamment jouable pour rendre accros les joueurs, et suffisamment difficile pour qu’on doive remettre régulièrement une pièce sans le nourrain. Tout le monde est gagnant.
Très rapidement, Arkanoid est adapté sur un grand nombre de machines domestiques. Amiga, Atari ST, Amstrad, Thomson, MSX ,… Tous les ordinateurs de l’époque ont droit à leur version d’Arkanoid, et le plus fabuleux dans l’histoire, c’est que toutes les adaptations sont de qualité !
Sur les grosses cylindrées de l’époque (Atari ST, Amiga, NES), le portage est sublime. La version Amiga rivalise même avec la version arcade. Sur les machines vieillissantes et limitées, telles que le Spectrum ou Apple 2, c’est plus délicat, mais les programmeurs ont quand même réussi à tirer le meilleur de la capacité des bécanes. Mention spéciale à la version MO5, colorée, bien animée (malgré des bugs d’affichage ici et là). En voyant le jeu sur cette machine, il est bien délicat de se dire qu’on est face à un MO5 !
(Versions Commodore 64, Spectrum, Amstrad)
Mais c’est sur les machines intermédiaires que la conversion sera la plus bluffante ! Les Commodore 64, MSX et Amstrad auront droit à d’excellentes versions d’Arkanoid, permettant de passer des heures sur le jeu sans se lasser, même en possédant une machine aux capacités moyennes.
(Versions MSX, MacIntosh, NES)
Mon chauvinisme pro-Amstradien m’empêche d’être objectif, mais pour moi la version Amstrad est vraiment le must, et reste à mon avis un des meilleurs jeux jamais converti de l’arcade vers le CPC.
Arkanoid connaîtra deux suites officielles, la première en 1988, “Arkanoid, revenge of Doh”, puis en 1997 “Arkanoid returns”. De bien belles suites, avec des nouveaux gadgets et encore plus de tableaux, mais comme de bien entendu, l’original est resté indétrônable.
(Versions Amiga, Apple 2, MO5)
L’âge d’or du casse-brique
Comme je le vous disais, la déferlante Arkanoid a rapidement créé des milliers d’accros au casse-brique, et a dans la foulée engendré l’âge d’or du genre, avec la mise sur le marché de dizaines de jeux s’inspirant non pas de Breakout, mais d’Arkanoid.
Parmi les plus connu ou les plus originaux, citons Impact, appelé aussi Blockbuster selon les machines.
Krakout, avec sa raquette se déplaçant verticalement :
Ballbreaker, sa vue en pseudo 3D, et sa musique absolument 80’s (la version qui pique les yeux en jaune, c’est Spectrum) :
HotShot, un casse-brique très déroutant qui se joue à deux :
La machine ayant le mieux accompagné cette époque bénie du casse-brique est l’Amiga, qui a fourni un grand nombre de jeux de qualité : Amegas, Krypton Egg, Crystal Hammer … et a accompagné la mutation du genre dans les années 90, avec des casse-briques nouveaux, incluant des labyrinthes, de la réflexion, voire de la stratégie, comme par exemple le génialissime Titan et son scrolling multi-directionnel (pour ceux qui ne comprennent rien à ce jargon, ça veut juste dire qu’on peut bouger dans tous les sens, et pas seulement de gauche à droite 😉 )
Par la suite, le genre a eu du mal à se renouveler, et mis à part quelques récentes créations absolument superbes (je pense notamment à Shatter de 2009 sur PC et Playstation 3), jouer à un casse-briques au 21ème siècle n’apporte pas grand chose de plus que dans les années 80. La zique, les graphismes et les animations sont plus élaborés bien entendu, mais niveau fun, les vieux jeux n’ont rien à envier aux nouveaux. Je ne saurai donc que trop vous conseiller de lancer l’émulateur de votre machine favorite, et de choper une bonne vieille ROM des jeux que je vous ai présentés ci-dessus 😉
Vous l’aurez certainement deviné, je suis un inconditionnel des casse-briques. J’étais bercé par la culture du Pong depuis mes 6 ans, mais lorsque Papa Noël nous a déposé un Amstrad sous le sapin en 1987, tout à changé.
Je me souviens de la première fois où j’ai fait face à un casse-briques. J’avais recopié le programme “Bustout“ sur le gros manuel de l’utilisateur Amstrad (les Amstradophiles verront de quel bouquin je parle). C’était un tout petit programme tenant sur quelques dizaines de lignes, mais c’était suffisant pour me contaminer.
La révélation Arkanoid a enfoncé le clou quelques mois plus tard. Ce jeu m’a complètement scotché dès les premières minutes où j’ai glissé la disquette dans le lecteur. Terminés (momentanément) les Bomb Jack, Boulder Dash ou Commando, je n’étais plus capable de jouer qu’à Arkanoid. Au point d’y passer des nuits entières ! Grâce à la la bonne fée Discology (ohh, ça va, maintenant y a prescription 😉 ), je me suis procuré plein d’autres casse-briques, comme Krakout, Ballbreaker, ou HotShot. J’y ai joué avec plaisir bien sûr, mais aucun ne m’a donné autant de bons souvenirs qu’Arkanoid.
Mon principal regret vis-à-vis de ce jeu est de ne pas pu y avoir joué en arcade lors de sa sortie. En 1986, j’étais trop jeune pour traîner dans les bistrots ou pour aller dans les salles d’arcade. J’y ai joué plus tard, au début des 90’s, mais le jeu était déjà considéré comme vieillissant, et n’attirait plus les foules comme au milieu des années 80.
Il n’empêche … quel sacré bon jeu ! Indémodable, et surtout identifiable dès les premiers instants. On le voit bien dans les salons retrogaming, ou dans les expos quand on met une machine disponible avec ce super jeu, les cris fusent “OOoohhh … Arkanoid !” C’est devenu le synonyme de casse-briques, ni plus ni moins. D’ailleurs, est-ce que je vous ai dit qu’il fallait absolument que vous installiez l’émulateur de votre machine favorite, et que vous lanciez la ROM de votre casse-brique préféré ? 😉
On se retrouve dans les commentaires pour donner notre Hi-Score !!!!
Cet article se veut volontairement “vulgarisateur” pour permettre à chacun de s’immerger dans cet univers, même ceux qui ne sont pas adeptes du retrogaming. Si vous souhaitez entrer dans les détails et en savoir plus sur ces jeux vidéos, nous vous recommandons de faire un saut chez nos copains Les Grospixels , notamment par deux super articles sur Breakout et Arkanoid . (Vous apprendrez notamment à quel point ce filou de Steve Jobs a roulé Wozniak dans la farine, et escroqué de plusieurs milliers de dollars grace à Breakout ! )