Film réalisé par Patrick Sheane Duncan. Titre original: 84C MoPic
Dans les années 80, j'étais "fan" de la guerre du Viet Nam. Disons que j'adorais tout ce qui se rapportait à cette guerre, mais sans avoir vraiment de notion de ce qu'était vraiment la guerre, et c'était donc d'une façon tout à fait innocente et décomplexée que je prenais tant de plaisir à regarder les films qui traitaient de ce sujet à l'époque: Apocalypse Now, Portés disparus, Outrages, Rambo, Full Metal Jacket, Good morning Vietnam, Platoon, Hamburger Hill (un de mes préférés, j'avais l'affiche dans ma chambre), etc. J'étais accro à la série "L'enfer du devoir" et j'avais presque toute la collection des fascicules "NAM" des éditions Atlas... Bref, c'est avec une grande tristesse que j'ai découvert tout récemment ce "84 Charlie Mopic". Non pas que ce film soit mauvais, non, mais qu'est-ce que j'aurais aimé le voir à 15 ans! Tout y est qui me plaisait tant à l'époque, l'impression d'y être, la tension, les soldats qui deviennent des aventuriers, les bons contre les méchants, tout ça vu avec des yeux d'adolescent évidemment parce qu'avec des yeux d'adulte, et c'est là qu'est le drame, ça ne fonctionne plus du tout...
Il faut savoir qu'on a affaire à un film indépendant, qui dispose donc de peu de moyens. La réalisation arrive pendant toute la première partie du film à faire un effet cache-misère qui fonctionne bien, aidée par des acteurs pour la plupart bien dans leur rôle (hormis un qui surjoue affreusement), des personnages attachants (mention spéciale à Easy, le cabotin de la patrouille que l'on découvre terriblement humain quand l'enfer arrive) et une idée toute bête: faire de la caméra l'un des personnages du film. En effet, ce film est un faux documentaire, à l'image de Cannibal Holocaust ou plus récemment The Blair Witch Project, et est censé être les images rapportées par un reporter de guerre qui aurait suivi une patrouille de reconnaissance lors d'une de leurs missions. Le titre du film, Charlie Mopic, est d'ailleurs le surnom du reporter, MoPic pour Motion Pictures.
Alors, si toute la longue partie d'exposition qui permet de faire plus ample connaissance avec nos solides gaillards est plutôt bien faite et agréable à suivre, c'est lors des scènes d'action que cela se gâte. C'est là qu'on voit le manque flagrant de moyens de ce film. Je pense notamment à une scène de bombardement d'un camp ennemi où l'on se rend vite compte qu'en fait d'avion et d'explosion il n'y a que des bruitages. Certains gunfights sont aussi tellement soumis à ce besoin de cacher la pauvreté du budget qu'ils en deviennent presque ridicules. Restent néanmoins certaines séquences chocs plutôt bien fichues qui nous font nous sentir soudain plus trop à l'aise sur notre fauteuil et qui relèvent sans problème le niveau du film.
Au final, on passe tout de même un bon moment de cinéma, surtout si l'on arrive à passer outre les petits défauts et à entrer pleinement dans l'histoire.
Ah, si seulement ce film avait pu être diffusé sur La 5...