Apostrophes

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Crodogang
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Apostrophes

Message : # 333779Message Crodogang
28 mars 2016, 22:41

Attention: émission culte. J'aime autant vous rassurer. A l'époque où Apostrophes était diffusée, je filais dans ma chambre profiter des derniers instants de liberté qu'il me restait avant d'aller au lit. Son célèbre générique (Concerto pour piano n*1 de Rachmaninov) était un des indicatifs télé les plus déprimants/crispants/angoissants de l'époque (il occupait la deuxième place du podium, devant Droit de réponse mais loin derrière Les dossiers de l'écran.) Jeune âge oblige, je suis donc passé à côté de grands moments télévisuels.
Pour mémoire, cette émission passait à 21h30 sur Antenne 2. Il serait bien difficile aujourd'hui d'amener la culture dans le salon des Français à une heure de si grande écoute.

Le présentateur était le rondouillard Bernard Pivot, fils d'épiciers lyonnais qui a choisi le journalisme, passionné qu'il était de littérature et de sport. Présent derrière le petit écran chaque vendredi soir de l'année scolaire, entre 1975 et 1990 et 724 émissions, Pivot a su imposer sa bonhommie provinciale dans le milieu littéraire et intellectuel français, très élitiste et renfermé, et dominé par la capitale.

Apostrophes, comme toutes les émissions télé de l'époque, on ne le répétera jamais assez, jouissait d'une liberté de ton surprenante de nos jours. "C'est pas aujourd'hui qu'on verrait ça à la télé" comme dirait l'autre. :D
Alcool, tabagie, invectives musclées et irruptions de détraqués sur le plateau étaient monnaie courante, un peu comme dans Droit de réponse.

Parmi les moments cultes, on retiendra notamment la fois où Charles Bukowski, l'écrivain anarchiste américain, enquillant à l'antenne whiskies sur whiskies et finissant complètement torché, au point de devoir être évacué du plateau en titubant (et, paraît-il menaçant "pour rire" un vigile d'un couteau!), pelote le genou de Catherine Paysan et interrompt régulièrement les intervenants, avant de se faire engueuler plusieurs fois par François Cavanna "Bukowski, ta gueule, tu nous enquiquines", "Je vais te mettre mon poing sur la gueule!"


"J'savais pas qu'on pouvait apporter ses bouteilles"... :mdr:

Ou encore Gainsbourg, en mode Gainsbarre complètement imbibé avec son inséparable clope, qui traite Guy Béart de "blaireau".



A l'époque, la "sécurité" sur un plateau était une vue de l'esprit, avec des vigiles à la petite semaine qui ne trouveraient même pas leur place à l'entrée un Franprix, alors que dans des émissions actuelles tournées en direct du type Le Petit Journal, ce sont de gros balèzes rompus au corps à corps. Par les temps qui courent, c'est compréhensible.
Voilà donc comment un énergumène disant représenter le "mouvement étudiant" menace de se trancher la gorge ou de se faire hara-kiri si on l'évacue du plateau. Il réussit donc à monopoliser l'antenne pendant 5 bonnes minutes. Bon, là je triche. Ce n'était pas Apostrophes mais Bouillon de culture et les années 90. ;)



Au rayon "prises de bec", c'était encore Jean Daniel (Le Nouvel Obs) et Jean d'Ormesson (Le Figaro) qui en viennent presque aux mains, au cours d'une dispute sur l'occident et ses valeurs. Le tout sous les yeux médusés d'Alexandre Soljenitsyne qui fait ainsi la brutale expérience du débat d'idées "démocratiques" dans le bloc de l'ouest.

Mais avant tout, Apostrophes, c'était une liste impressionnante d'invités prestigieux, qui envoie du pâté. J'ai déjà cité Gainsbourg, Cavanna, Soljenitsyne et Bukowski, mais il y avait encore Georges Brassens, Claude Lévi-Strauss, Romain Gary, François Truffaut, Cabu, Lech Wałęsa, Marguerite Yourcenar, Vladimir Jankélévitch, Elisabeth et Robert Badinter, Françoise Sagan, Albert Cohen, Mohamed Ali, Georges Simenon, Marguerite Duras, Vladimir Nabokov, l'Abbé Pierre, Umberto Eco, Hergé, Renaud, Françoise Dolto, Edgar Morin, Régis Debray, Daniel Cohn-Bendit, Giscard, Mitterrand et j'en passe...

Heureuses années 80 qui pouvaient se vanter d'avoir de grands noms (certains d'entre eux sont encore parmi nous, mais pour combien de temps?). Ce n'est pas notre triste époque qui a remplacé les grands esprits par les polémistes, assénant à coups de best-sellers leurs "vérités", qui pourra me consoler. Les sophistes d'aujourd'hui s'appellent plus que jamais BHL (qui la met un peu plus en veilleuse), Finkielkraut, Onfray, Houellebecq et surtout Zemmour ...et nos présidents sont devenus des analphabètes à l'instar de Sarkozy et Hollande. :no:
Dernière modification par Crodogang le 05 avr. 2016, 23:03, modifié 3 fois.
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Tipoune
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Re: Apostrophes

Message : # 333794Message Tipoune
29 mars 2016, 13:43

Bah j'avoue n'avoir jamais regardé cette émissions, bien sûr, comme tout le monde, le nom de Bernard Pivot est dans la langue commune dès qu'on parle de trucs littéraires ou autres ... mais sinon, jamais vu ces émissions.
Par curiosité, je vais regardé les émissions, mais de toute façon, je déteste voir un mec bourré se donner en spectacle ... déjà, je ne comprends pas qu'on ose de montrer en public et surtout à la télé quand on est ivre ... mais cela est un autre débat. :sunny:
Ils vécurent enfants et firent beaucoup d'heureux !! :sunny:

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Haakor
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Re: Apostrophes

Message : # 333803Message Haakor
29 mars 2016, 22:21

Moi non plus, il faut dire que je n'ai jamais vraiment adhéré aux émissions littéraires, trop longue et souvent soporifique. :dodo:

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Hugues
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Re: Apostrophes

Message : # 333915Message Hugues
02 avr. 2016, 21:54

C'était vendredi soir et comme c'était une émission intelligente j'avais le droit de regarder. :D je ne comprenais pas tout mais au fur et à mesure j'ai capté des choses.

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