Voila pourquoi j'adore ce forum ... des sujets comme ça, c'est irremplaçable, et ça nous apprend tellement de choses sur nous, notre époque, notre enfance ... Merci Hugues, c'est un sacré bon sujet !!! (Même si pour ma part, c'est jamais facile de passer derrière Erpob, on a l'impression que j'ai fait un copier-coller de ses réponses

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En 1989, j'ai 12 ans (je n'aurai 13 ans que le 18 décembre). Je suis en 5ème, puis en 4ème.
En 1989, je suis au collège, ça se passe bien. Je fais partie des "ptits rigolos", le genre de gamins assez populaires, toujours prêts à mettre l'ambiance dans la classe, à faire quelques blagues potaches, mais auquel on ne peut pas dire grand chose car les résultats scolaires tiennent bien la route.
En 1989, je suis délégué de classe en 5ème, ça me plait bien, et ça me vaut ma première lettre formelle et officielle qui commence par "Monsieur", et qui se termine par "Veuillez agréer nos salutations distinguées". C'était la convocation au conseil de classe, je me suis senti super adulte d'un seul coup.
En 1989, je suis désespéré par les résultats de l'équipe de France de football. La bande à Platini me manque cruellement, et ça me navre de constater que la qualification au Mondial 90 est de plus en plus compromise.
En 1989, je salue l'exploit d'un gamin qui remporte Rolland Garros, Michael Chang. Ce sera le dernier tennisman que j'apprécie avant de n'avoir d'yeux que pour André Agassi pendant quasiment 15 ans, ses fringues fluos, ses shorts en jean dechirés, son hygiène de vie burgeresque ... le FUN !
En 1989, je ne me suis pas encore forgée ma culture musicale. Je n'écoute pas les émission spécialisées à la radio ou à la télé, j'écoute ce qui passe, la radio, les clips M6. J'aime Gold, Renaud, Cabrel, Goldman et même Johnny ou Sardou. A l'international, j'aime beaucoup Dire Strait.
En 1989, je passe des soirées, des nuits, des week end devant mon Amstrad. Je programme, je bidouille, je déplombe, je met des vies infinies. Je lis "Amstar & CPC", je ne connaissais pas encore "Amstrad Cent pour Cent", et je dévore des fanzines.
En 1989, mes meilleurs potes sont Alexandre au collège, et surtout Stéphane, dans mon quartier. Avec lui, on passe le temps. On se fait chier la plupart du temps. Pas de console, pas de jeu de rôle, ps de mobylette, juste des bicross. On traîne dehors, on rode dans le quartier, on fait les cons. Mais on fait pas de connerie. Au pire quelques parties de "Sonnette et cours vite", ou des graffitis au marqueur sur le mobilier urbain, mais c'est tout. Pas de casse, pas de vol, pas de petits terrorisés ... On respecte les autres et leurs biens. Mais on se fait chier quand même dans notre campagne pourrie sans rien à faire
En 1989, je lis Picsou Magazine tous les mois, et tout ce qui me passe entre les mains : des comics, des Club des Cinq, les magazines TV, et des dizaines de bouquins au CDI. Je suis un énorme consommateur de lecture.
En 1989, je lis aussi pour la première fois un San Antonio, piqué dans l'armoire de mon père. Je ne comprend pas tout, mais je suis fasciné par ce style d'écriture, cet auteur formidable qui ne se prend pas au sérieux. J'en lirai des dizaines et des dizaines dans mon adolescence. J'en ferai même des fiches de lecture en classe, au grand étonnement de mes profs.
En 1989, je joue au football dans le club de mon patelin tourangeau. J'adore cette ambiance, ce champ de patate retourné où on fait les cons avec les potes le mercredi après midi et le samedi. En 1989, on a un nouvel entraineur, Thierry, très sérieux pendant l'entrainement, mais très pote en dehors, qui a initié la tradition du gateau-banga a la fin des entraînements dans les vestiaires. Belle époque.
En juillet 89, on part tous les 5 (père, mère, frangin, frangine) une semaine à l'île d'Oléron. Des vacances au bord de l'Atlantique, j'ai toujours adoré.
En 1989, justement à ce camping, on suit le Tour de France à la radio avec mon père. Et on se demande comment Laurent Fignon n'a pas réussi à conserver ces 50 secondes d'avance ...
En 1989, après l'école, rituel quasi quotidien : Olive et Tom à 18h00, et Santa Barbara dans la foulée. Cherchez pas le rapport, y en a pas. Quand j'y repense aujourd'hui ... J'ai lâché tout ça quand Giga est apparu en septembre 89, avec ces chouettes séries et ses reportages pour ados.
En 1989, on me fait ma première déclaration d'amour. Elle s'appelle Isabelle, elle est déléguée de classe avec moi. Elle aime mon humour (enfin, je crois), et mon sens de la déconne tout en étant sérieux quand il le faut. Lors d'une permanence, elle m'invite à une table à part ... elle me lit un poême sur l'Amour, chaque phrase commence par "Je t'aime parce que ..." et à la fin, elle me regarde dans les yeux en me disant "Ce que je viens de te lire, je le pense". Complètement décontenancé, j'ai fait le gros lourd, et j'ai dit que je ne comprenais pas du tout ce qu'elle disait. ça s'est arrêté là, il n'y a pas eu de suite ... pas de remord, ni regret, je me demande juste ce qu'il se serait passé si ...
En 1989, je n'ai justement jamais embrassé une fille. de la 6ème à la 3ème, mes pensées n'iront que vers une petite blondinette qui fait battre mon coeur : G. (son prénom se trouve ailleurs sur le forum, si vous voulez chercher). Confiant en moi, mais hyyyyper timide, jamais je ne lui ai fait part de mes sentiments. J'ai su par la suite qu'ils étaient partagés. Mais ma timidité (et certainement la sienne) ont fait que ... ça explique aussi pourquoi j'ai fait semblant de ne rien comprendre à la déclaration ci-dessus ... j'avais déjà du mal à gérer mon premier amour secret ...
En 1989, je commence à m'impatienter. Pas de poil nulle part, pas de signe de puberté ... alors que certains de mes potes commencent à se vanter de leurs premières éjaculations, du poil qui pousse et des boutons d'acné qui surgissent. Pourquoi pas moi ?
En 1989, je pige ce qu'il se passe à l'Est. D'abord, je ne prend pas au sérieux ces manifestations d'est-allemands pour la liberté ... et quand ça s'amplifie et que le Mur tombe, j'ai conscience qu'il se passe un truc énorme. J'ai longtemps conservé toutes les coupures de journaux en rapport avec ça. Et j'ai suivi heure par heure ce qu'il se passait en Roumanie. Je ne regardais plus les dessins animés ou les programmes pour la jeunesse, c'était la 5 et sa couverture médiatique de l'évènement. Avec en point d'orgue les cadavres de Ceaucesu diffusés à 13h, à 20h, à minuit ...
Le 31 décembre 1989, je passe le réveillon du nouvel an à la maison, avec mes parents et plusieurs voisins. Je ne m'ennuie pas, y a les copines, les filles des voisins, qui sont là. Soirée cotillons, confettis, bonne bouffe et tout et tout. A 23h59 et 50 secondes, le traditionnel compte à rebours commence. 10 ... 9 ... 8 ... dans ma tête, je me dis "Whaa ... on est en train de changer de décennie, on arrive dans les années 90". 22 ans après, je me souviens de ces moments, bien gravés dans ma tête, ce salon couvert de confetti et des bruits de langues-de-belle-mère, où je savoure sans le savoir ces derniers moments des années 80. 22 ans après, je sais maintenant pourquoi je les savourais.
A suivre ... si vous avez aimé
