Plus je rédige des articles sur les vieilles séries de La Cinq (notamment Riptide), plus je me dis que cette chaîne, trop vite disparue, était en avance sur bien des autres.
Et ouaip, La Cinq, mine de rien, fut la première chaîne de la TNT, plus de 20 ans avant les NT1, D8, AB1 et consoeurs. Les rediffusions à outrance, les robinets à séries, les téléfilms à la con, les émissions à 2 balles … Tout ce qu’on retrouve sur les chaînes actuelles de la TNT, La Cinq l’a fait avant.
Mais là n’est pas le sujet du jour. Le sujet du jour, c’est une série diffusée sur La Cinq, exactement le genre de programme dont la TNT est friande car ça coûte pas cher, et ça plaît à un certain public, à condition de se contenter de 2 ou 3 % de parts de marché.
La série du jour, c’est Riptide. Pas la plus mémorable de toutes les séries de feue La Cinq, mais qui a eu son petit succès naguère, et a laissé de bons souvenirs chez les adeptes des séries TV des années 80.
On y retrouve plusieurs ingrédients, propres aux séries ayant fait les beaux jours de la Cinq. On y voit des détectives, des plages, de l’humour, un peu de castagne, de la jolie mécanique, des nanas pas vilaines … et le tout forme un divertissement de 3 saisons fort agréable à suivre.
L’histoire
“Riptide” se passe à Los Angeles, et met en scène un trio de détectives privés. Deux d’entre eux, Cody Allen et Nick Ryder, sont de beaux gosses bagarreurs et courageux, vétérans du Viet-Nam, des détectives à l’ancienne en somme. Amis de longues dates, ils choisissent de monter leur agence, histoire d’aider les veuves et les orphelins californiens à résoudre leurs soucis. Et par la même occasion à tordre le coup au crime, à l’injustice et aux différents trafics qui pourrissent leur secteur. Avec un tel programme, ça va déménager sec !
Chacun a son point fort : Cody, le blond moustachu (interprété par Perry King), est charmeur et beau-parleur. Il possède un bateau qui va vite pour arrêter les coquinous en un rien de temps. Nick, le brun (Joe Penny), est rusé et tenace. Il roule en Corvette rouge, et surtout pilote un hélico incroyable, complètement déglingué, le genre de tas de ferraille dont on se demande comment ça arrive à voler.
Pour ajouter au charme de cette machine, cet hélico est grossièrement peint en rose, avec un visage tout aussi grossièrement dessiné sur l’avant, et répond au doux nom de Mimi (ou “Screaming Mimi” en VO). Il est régulièrement de sortie, et permet à nos zouaves de se déplacer avec plus d’aisance qu’en bateau ou en caisse. Mimi rend bien des services, c’est sûr, mais avec lui, l’image des détectives privés discrets et des filatures secrètes en prend un sacré coup 😉
On a donc deux vaillants camarades, un bateau, une belle voiture et un hélico. Si avec ça les brigands ne tremblent pas de peur, c’est à plus rien n’y comprendre. Sauf que voilà, on est dans les années 80, et souvent les poings et les belles mécaniques ne suffisent plus pour arrêter les sauvageons. On n’est plus dans les enquêtes à Papa des seventies où tout pouvait se résoudre à coup de muscles et de bagout !
Dorénavant, il faut de la matière grise, de la bidouille, et de l’astuce. Et c’est là que Riptide va se montrer bien plus originale que bien d’autres séries traditionnelles. Cody et Nick vont en effet s’adjoindre les services d’un de leurs vieux potes, Murray Bozinsky (Thom Bray).
Ce troisième larron est un nerd en puissance, surdoué, qui contribue aux enquêtes quand les deux beaux mecs sont à court de solutions. Génie de l’informatique, il fera avancer les énigmes en se connectant aux ordinateurs encore rudimentaires à l’époque, et en piratant de-ci de-là quelques réseaux balbutiants.
Lui aussi est un ancien du Viet-Nam, mais plus du côté des scientifiques. Ses armes à lui, ce ne sont pas les flingues et les biscottos, mais les puces et les circuits intégrés. Murray ne possède pas d’hélico ni de bateau, mais un robot dévoué et extrêmement perfectionné, Roboz, qui s’avèrera être d’une aide précieuse quand les limites humaines seront atteintes.
Nos 3 camarades ont installé leur agence dans de sympathiques locaux, à savoir un joli bateau, le “Riptide”, amarré dans une marina californienne. Cadre propice au soleil, aux vagues, aux bikinis et autres délices visuels, dont le générique, rythmé et entraînant, nous fait un joli résumé :
Les épisodes se suivent sans lien entre eux, mis à part une poignée d’histoires réparties sur deux épisodes. Très souvent, une victime en détresse se dirige vers notre trio de choc lorsqu’elle détecte une entourloupe financière ou criminelle, ou lorsqu’elle s’estime menacée. Nos 3 gaillards font alors leur possible pour mettre hors d’état de nuire les meurtriers, kidnappeurs, ou quiconque en veut à la vie et/ou aux intérêts des z’innocents.
Les enquêtes ne font pas l’originalité de la série, reconnaissons-le. Elles sont assez banales, voire parfois médiocres, et leur complexité ne va pas souvent plus loin que sauver une pauvre nenette plutôt bien gaulée du viseur d’un cinglé plutôt bien méchant.
On trouve également des éléments pompés ici et là. Par exemple, Cody, le moustachu régulièrement fringué en chemise hawaïenne, dans cette voiture rouge peut vraiment faire penser à Magnum, non ?
De même, le personnage de Murray, génial binoclard intello, ne serait-il pas une version adulte de Ritchie, des Petits Génies, diffusé quelques mois plus tôt ?
Enfin, le coup des 2 potes vétérans du Vietnam qui deviennent privés, on l’a déjà vu au préalable dans “Simon & Simon”.
Mais là n’est pas le plus important, car Riptide a des qualités très intéressantes, qui ont été reprises dans d’autres séries. Tout d’abord, les héros ne se prennent absolument pas au sérieux, et se couvrent souvent de ridicule pour notre plus grand plaisir. Ensuite, parce que la présence de Murray et son robot apporte un énorme plus à l’histoire, et va même régulièrement voler la vedette à Nick et Cody, trop occupés à se faire une gueguerre pour emballer la coquine cliente.
La série n’a pas d’autre prétention que nous faire passer de bons moments, avec des intrigues simples, sans temps mort ni prise de tête. C’est dynamique, c’est très souvent drôle, c’est plein de soleil et d’optimisme (malgré les quelques macchabées qui ornent la plupart des épisodes). La série est pleine de fraîcheur (certainement la proximité de l’Océan Pacifique) et de fun, et ça suffit largement à notre bonheur !
Sans aller dire que Riptide a influencé plusieurs séries mythiques, on constate que certains éléments se retrouvent dans des feuilletons postérieurs. Ainsi, le détective qui vit seul sur son bateau se retrouve dans Miami Vice, et l’hélico justicier se retrouve dans Airwolf (dans un tout autre registre, cependant 😉 )
Créée par un des maîtres des séries TV US, le regretté Stephen J Cannell (21 Jump Street, Rick Hunter …), et diffusée à partir de décembre 1983 sur NBC, Riptide a connu 3 saisons, rencontrant un public fidèle, mais sans toutefois casser la baraque. Les deux premières saisons ont plutôt bien marché, en bénéficiant de la belle locomotive à audience qu’était “L’Agence tout Risque” diffusée juste avant.
La troisième saison fut beaucoup plus mitigée, certainement un mélange de lassitude du public (au bout d’un moment, toutes les ficelles scénaristiques ont du être épuisées), et de la concurrence sur ABC d’une autre série mettant en scène des détectives : Clair de Lune.
Elle prit fin à l’été 1986, pile au moment où une chaîne française, La Cinq en l’occurrence, se décida à la diffuser. Entre temps, l’anecdote la plus connue sur la série reste qu’elle aura offert son premier (petit) rôle à la télé à un inconnu de 23 ans, un certain Georges Clooney. What else ?
Pourquoi vous laisser tenter par quelques épisodes de cette série ? Bonne question, d’autant plus qu’elle n’est pas sortie en DVD en France pour le moment. C’est vrai qu’elle n’a pas le piquant d’autres séries de la même époque … les détectives n’ont pas le charisme de Magnum, ne sont pas des purs héros à la Miami Vice, le ton est moins décalé que dans Clair de Lune, etc … donc ne vous attendez pas à des chefs d’oeuvre d’originalité lorsque vous tomberez dessus.
Mais Riptide a un petit quelque chose, un “je ne sais quoi” qui la rend attachante, et qui nous met de bonne humeur quand l’épisode se termine. Ce n’est pas une sitcom, mais l’humour souvent présent, la maladresse de Murray, les mésaventures de Nick et Cody, tout ceci dédramatise les épisodes, et nous fait passer d’excellents moments, sans nous faire de noeuds au cerveau.
Riptide est la série qu’un môme de 12 ans friand de séries ne peut qu’adorer : quel pré-ado ne s’est jamais dit “Quand ch’rai grand, je serai détective, avec un hélico, une belle voiture, un super robot, je vivrai sur un bateau et je m’emballerai une belle californienne tous les 3 épisodes !” 😀
Alors si vous aimez les série d’action typiquement 80’s, fun et marrantes, laissez-vous tenter par quelques épisodes !!
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