Dans les années 80, les progrès de la miniaturisation aidant, on vit apparaître le concept des « ghetto blasters », ces postes à cassettes énormes (il n’était pas encore question, du moins jusqu’en 87-88, d’y trouver un lecteur CD) qui allaient devenir, dans l’imaginaire collectif, aussi emblêmatiques des habitants du Bronx que la baguette de pain peut l’être pour un français… du moins, vu de l’extérieur !
D’où la célèbre blague qui courait au beau milieu des eighties : « Combien faut-il de flics pour attraper un mec à Harlem ? Trois : un pour coincer le gars, deux autres pour porter son poste de radio » ! !!
Le terme de « ghetto blaster », plus universel, ne fut utilisé que tardivement en France. En 1986, date de la publicité ci-contre, le matraquage publicitaire de Philips était tel que l’expression « Sound Machine » passa dans le langage courant.
L’arrivée des Sound Machine est intéressante à plus d’un titre. Comme en témoigne cette publicité, ces appareils étaient indissociables d’une certaine esthétique urbaine. Aujourd’hui, on achète de tels postes pour la maison de campagne, la cuisine ou le garage ; dans les années 80, c’était pour sortir et frimer.
Une époque bénie pour les marchands de piles, ces jolis joujoux ayant une consommation effarante.
Par ailleurs, l’essor des Sound Machine est allé de pair avec celui du smurf, du breakdance et dans une certaine mesure, du rap.
Qui ne pense pas au clip du Rock It d’Herbie Hancock en évoquant un Sound Machine ? Voilà qui introduisait une nette cassure avec le disco bien propret des années 70-début 80, et se développait en marge de la « new-wave ».
Abstraction faite de leur laideur, qui ne peut que sauter aux yeux aujourd’hui, les Sound Machine étaient des produits relativement coûteux au cœur des années 80 : les sous-marques asiatiques n’avaient pas encore pignon sur rue comme aujourd’hui, et un modèle sérieux grimpait rapidement au-dessus des 2000 FF.
On notera la présence systématique d’un equalizer, qui permettait à chacun d’obtenir un son encore plus immonde qu’en temps ordinaire. Mais on aimait ça, avoir des basses bien grasses qui empêchaient d’entendre les voix (à part celle de nos parents, hurlant « tu fais trop de bruit, viens manger » à travers la porte) ! Le Sound Machine, c’était l’envie du partage.
Et force est de reconnaître que c’est l’individualisme véhiculé par le Walkman, contemporain des Sound Machine, qui a fini par triompher…
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